Au fil des rues et des villages, Saulgé se raconte aussi à travers son patrimoine. Une plongée dans l’histoire du néolithique à nos jours.
L’église Saint-Divitien – Sainte Radegonde
Elle est de construction romane très remaniée : la nef, autrefois charpentée, est couverte d’une voûte en berceau moderne. Le chœur est gothique, et la souche du clocher octogonal est ornée d’arcatures en partie cachées par la haute toiture refaite au XIXe siècle.
Quelques éléments remarquables
- Deux chapiteaux (XIIe s. – Pierre.) de l’ancienne chapelle dite « le Prieuré » sont très ouvragés et comportent des scènes de La Tentation du Christ. Cette ancienne chapelle, située sur la place du Prieuré, est privée et ne se visite pas.
- Des peintures murales (Seconde moitié du XIXe s.). Sous l’épiscopat de Mgr Pie (1849-1880) ; des peintures ornementales sont réalisées dans l’ensemble de l’église. Dans les années 2010, un vaste programme mené par des artisans d’art a permis leur restauration suivant des techniques et l’usage de matériaux traditionnels.
- Un tableau donné par Napoléon III en 1861. Il s’agit d’une huile sur toile exécutée par Savignac, artiste copiste et réalisée vers 1850-1860. Le tableau fixé sur le mur sud du transept, au-dessus de l’autel de l’église est une reproduction d’une œuvre de Pierre-Paul Rubens, exécutée entre 1626 et 1627 et conservée au musée du Louvre à Paris. Dans les années 2010, un financement participatif et la participation de la Fondation du Patrimoine ont permis sa restauration.
- La statue de Sainte Radegonde (après 1870 – Bois de noyer polychrome). Patronne du Poitou, Sainte Radegonde est fort vénérée dans de nombreuses paroisses. La statue aurait été réalisée par le menuisier Philippon après la guerre de 1870. Il l’aurait façonné dans un simple morceau et dotée de ses attributs de reine et de religieuse.
- Bas-relief (XIIe s.– Pierre). Ce remploi, inséré au-dessus de la porte qui donne sur la place du Prieuré, représente un personnage nu, symbolisant une âme, inscrit dans une mandorle soutenue par deux anges. Malgré son état, ce bas-relief montre une finesse d’exécution qui l’apparente à la frise de l’Enfance du Christ de l’église Saint-Laurent à Montmorillon.
- Cloche (1728 – Bronze). Des trois cloches de bronze du clocher, la plus ancienne date de 1728 et a été restaurée en 2000. Une crucifixion et une Vierge à l’enfant ornent sa jupe, tandis que l’inscription de bénédiction est lisible sur la partie haute et plus étroite du corps.
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Les tours de Lenest
Seuls quelques murs des remparts et le donjon subsistent de l’ancien « château et maison forte » de Lenest tel qu’il est décrit dans l’hommage rendu par Jacques Berthelin en 1672.
Un corps central carré de trois étages, cantonné de quatre tourelles, est appuyé sur le mur d’enceinte. Le domaine étant devenu une exploitation agricole, les habitants et bâtiments domestiques succèdent aux constructions médiévales à l’intérieur de la muraille. Le donjon, ruiné, est dépourvu de toiture.
Quelques portes, cheminées, encadrements de fenêtres, les latrines présentes dans une tour, les traces d’un décor peint sont autant d’éléments témoignant de la qualité de l’architecture et de la recherche du confort, tandis que les archères canonnières montrent encore le besoin de résister à des attaques possibles.
XIVe et XVe siècles – Pierre
Propriété privée
Le château de Beaupuy
© Club Photo Vidéo de Saulgé
Bello Podium est cité pour la première fois dans les textes au XIIIe siècle.
Ce titre signale la situation élevée de cette forteresse dominant la vallée du ruisseau éponyme coulant en contrebas. Du château médiéval, il subsiste un corps de logis rythmé de tours à toitures en poivrière. L’enceinte et le pont-levis, construits par autorisation de Charles VII accordée à Jean II de Blom en 1428, ont disparu au profit d’aménagements modernes rendant la demeure plus agréable.
XVe siècle – Rocher naturel
Propriété privée
L’Âge
Bas Moyen-Âge.
Située à 800 mètres de Plaisance, sur la route de Lathus, cette maison forte récemment restaurée pourrait avoir été construite dans le mouvement de fortification de la fin du Moyen-Âge. Entourée de douves, elle est bâtie sur une plate-forme élevée, ceinte par des murs en pierre formant carré. Un pont à deux arches enjambe les douves. Un pont-levis aurait également existé à l’arrière de la maison. La terrasse communique avec les bâtiments d’exploitation par une porte charretière accotée d’une porte piétonne. Connue sous le nom de « Place forte de l’Âge », cette demeure a été habitée par la famille de Lantigny et par celle de Louis d’Ars.
Propriété privée
Juillé et la Motte Charron
© Club Photo Vidéo de Saulgé
Préhistoire et Moyen Âge.
Dans la dernière décennie du XXe siècle, des recherches archéologiques attestent que le site de la Motte Charron est occupé dès l’époque néolithique. L’observation du terrain permet de découvrir les levées de terre et des fossés pouvant appartenir à un site défensif, occupé au cours de la préhistoire et réaménagé au Moyen Âge (XIIe et XVIe siècles).
En effet, la tradition orale conserve le souvenir d’un « château » dans ce lieu isolé. Le site féodal est cité pour la première fois en 1699, dans le contrat d’achat de Joseph BABERT de Juillé de La Motte Charron « avec tous les droits nobles et honorifiques qui y sont attachés ». Babert de Juillé accède alors à la noblesse.
A quelques encablures, Juillé est typique des gros domaines fonciers tels qu’ils se sont structurés, en particulier au XIXe s. en Vienne & Gartempe. Avec sa maison de maître, ses maisons de métayers ou d’ouvriers agricoles et ses dépendances agricoles, Juillé accueille depuis 1993 l’Ecomusée du Montmorillonnais.
La Brasserie de Montmorillon
A Saulgé, le long de la Gartempe, ont successivement été implantés un moulin à papier, au XVIIème siècle, et une brasserie, au XIXème siècle, qui ont profité d’une grande quantité d’eau de qualité.
Le site historique de la Brasserie est désormais privé.
De 1848 à 1963, la Brasserie de Montmorillon a produit des bières d’excellente qualité, à partir de l’eau des sources de Sazat, qui affleurent dans la vallée de la Gartempe entre Saulgé et Montmorillon.
Durant un siècle, l’histoire des ouvriers et des familles de brasseurs est étroitement liée à celle de la vie locale. De la production à la promotion, la brasserie ne négligeait rien ; les bâtiments, vétustes, témoignent encore d’une activité artisanale importante et de l’évolution des techniques pour la fermentation, la clarification, le conditionnement, la distribution de la « Bière de Montmorillon ».
Très tôt, l’entreprise familiale propriétaire a utilisé « la réclame » pour faire connaître ses productions. La plaque émaillée de l’effigie du Postillon fait partie d’une ligne publicitaire qui compte notamment des affiches, des boites, des éventails et des chapeaux en papier. Cette publicité s’adressait à une clientèle masculine, désireuse de se distinguer des consommateurs populaires amateurs de vin rouge.
Cimetière et Cénotaphe
Les Croix du cimetière
Autrefois, chaque cimetière était pourvu d’une croix monumentale protégeant l’ensemble des défunts, les tombes individuelles ne devant alors pas toutes en posséder une. Le cimetière de Saulgé en comporte deux.
La première, haute et fine, accueille le fidèle dès son entrée près des sépultures. Un calice sculpté orne un côté du pied, et au revers un écusson à losanges en relief est tracé. Le fût mince a sans doute été cassé, car il est tenu par deux agrafes de métal.
La seconde semble plus ancienne et pourrait être une croix Hosannière (Moyen-Âge). Le socle rond est constitué de pierres de taille et porte une table d’autel – ou reposoir – qui a certainement permis des cérémonies religieuses à l’intention des défunts. Le fût est curieusement composé de tambours de pierre superposés. L’usure des joints témoigne de l’ancienneté de l’édicule. La croix sommitale semble quant à elle avoir été posée à l’envers.
Le Cénotaphe
Cette tombe constitue un témoin de la guerre du Mexique (1863-1867), guerre de conquête entreprise par l’Empire français afin de créer un « empire catholique et latin » en Amérique du Sud. Un jeune homme de Saulgé perdit la vie au cours de ce conflit et son corps a été perdu.
Aussi, pour honorer sa mémoire, un cénotaphe a-t-il été construit sur lequel figure l’inscription : « Armand Jean Bernier de Maligny, caporal au régiment étranger, 3ème Bon 2ème compagnie, né le 17 juin 1838 à Paris, tué le 1er mars 1866 au combat de Santa Isabella près Parras Mexique. Son corps chaud fut mangé par les vautours. Sous cette pierre, rien ».